From Solomon Reinach, Revue archeologique, 1888, p.92.
- Le Bosphore égyptien du 19 août 1887 a 'publié l'article suivant, qui a eu l'honneur d'être traduit dans le Diario oficial de avisos de Madrid. Un si beau spécimen d'archéologie fantaisiste mérite de ne pas tomber dans l'oubli. Trois lignes de cet article sont certainement conformes à la vérité, bien qu'elles se rapportent à des faits déjà anciens; nous reproduisons le reste sans garantie, en souhaitant que ce puisse être la vérité même.
Le culte de Mithras est d'origine persane. Mithras est le dieu Orzmud des Perses. Son culte, qui a suivi les armées triomphantes' des rois perses, s'est implanté dans les pays conquis et s'y est quelque peu transformé, empruntant aux cultes indigènes quelques-uns de leurs caractères. Jusqu'à ce jour, aucun temple de Mithras n'a été trouvé intact car la rage de Constantin a passé comme un ouragan dévastateur sur tous les monuments de l'idolâtrie. Le temple de Sidon seul a pu échapper à la destruction.
Il est à plusieurs mètres sous terre, entièrement enfoui dans les décombres. Si l'on disait au passant, sur le terrain qui recouvre ce temple, que sous ses pieds sont des salles splendides,remplies de trésors archéologiques, on le jetterait dans un légitime étonnement, car rien, à la surface du sol, ne révèle l'existence de ces caveaux mystérieux. Il m'a été donné de visiter ce sanctuaire, et en voici la description.
Il parait que les adeptes du culte de Mithras de la ville de Sidon, à l'apparition du premier édit de Constantin, se seraient empressées de murer la porte de leur temple secret. Peut-être même auraient-ils été les victimes de la politique qui poussait Constantin à sévir contre les idolâtres. Le fait est que ce temple est resté caché et inconnu jusqu'à ce que mes recherches souterraines, dans le sein des décombres de la Phénicie, m'aient conduit à son entrée mystérieuse. La porte en bois a été anéantie par l'humidité; elle donnait sur un long corridor encombré par la terre qui l'a envahi en partie. A hauteur d'homme, des deux côtés latéraux du corridor, dans quatorze niches, sont placées des statues en marbre de 1m,10, représentant des prêtres ou plutôt des guerriers de tout âge, armés de toutes pièces, dans des allures offensives.
Au bout de ce corridor, est une vaste salle ronde, dont le dôme est soutenu par vingt-quatre colonnes formant douze angles. Chacun de ces angles contient une sorte d'autel; au pied de ces autels, des lits en marbre de formes bizarres gardent encore les traces des mystères qui s'y accomplissaient. Sur ces douze autels sont de grands bas-reliefs en marbre où sont sculptés les signes du zodiaque, et dans l'espace libre on-voit peintes sur la muraille des figures extraordinaires qu'il est impossible de décrire ici, à cause de leur obscénité; dos candélabres ou porté-torches, en marbre et en bronze, de véritables chefs-d'oeuvre d'exécution, sont posés sur des piédestaux d'un travail admirable! Cette salle est pavée de mosaiques en verre de couleur incrustés d'or; au milieu est un gigantesque taureau en marbre ayant les cornes plaquées d'or; devant ce taureau est uue ouverture étroite conduisant, par un escalier de douze marches, à sept salles souterraines, creusées dans le roc vif et donnant l'une dans l'autre leurs portes de fer, toutes rouillées, détachées de leurs gonds, jonchent les seuils; la grandeur de ces salles va diminuant de plus en plus jusqu'à n'atteindre, dans la septième et dernière, qu'un espace où une vingtaine de personnes seraient à l'étroit; les murailles de ces salles se dérobent derrière un grand nombre d'autels en marbre supportant des groupes de statues disposées en scènes étonnantes tant par les variétés des figures que par l'ensemble. Sur tous ces autels, la Vénus orientale domine, et les personnages qui composent la scène portent les tètes de différents animaux. Le marbre blanc, l'ivoire, le bronze, l'argent et. l'or surtout, sont employés à profusion. Je n'ai expédié de tous ces trésors qu'une douzaine de statues qui sont en ce moment chez M. de Clercq à Paris.
Quand le gouvernement turc se décidera à tenir compte de ses engagements à mon égard, les savants pourront avoir le bonheur d'étudier et d'admirer ce temple superbe. Edmond DURIGHELLO.
- The "Egyptian Bosphorus" August 19, 1887, published the following article, which had the honour to be reprinted in the official diary of Madrid news. So beautiful a specimen of fanciful archaeology should not be allowed to fall into oblivion. Three lines of this article are certainly truthful, although they refer to facts already old; we reproduce the rest without guarantee, in the hope that it may prove to be true.
The cult of Mithras is of Persian origin. Mithras is the god Ormuzd of the Persians. His cultus, which followed the victorious armies of the Persian kings, was established in the conquered countries and was somewhat transformed there, borrowing from the native cults some of their character. Until now, no temple of Mithras has been found intact, as the rage of Constantine broke like a devastating hurricane over every monument of idolatry. The temple of Sidon alone escaped destruction.
It is several meters underground, completely buried in the rubble. If it was said to someone in passing, while walking on the ground under which the temple lies, that under our feet there are beautiful rooms filled with archaeological treasures, he would be legitimately astonished, because nothing on the surface reveals the existence of these mysterious vaults. I was able to visit this sanctuary, and here is the description.
It seems that the followers of the cult of Mithras in the city of Sidon, on the publication of the first edict of Constantine, were eager to wall up the door of their secret temple. Perhaps they were victims of the politics which caused Constantine to take action against the idolaters. The fact is that the temple remained hidden and unknown until my subterranean researchs in the rubble in Phoenicia led me to its mysterious entrance. The wooden door was destroyed by moisture; it gave onto a long corridor encumbered by earth which had partly filled it. To the height of a man on both sides of the corridor, in fourteen niches, are placed marble statues of 1m, 10 in size, representing the priests, or rather warriors of all ages, armed at all points with a the military appearance.
At the end of this corridor is a large circular room, whose dome is supported by twenty-four columns forming twelve corners. Each of these corners contains a kind of altar; at the foot of these altars, marble beds of bizarre forms still retain traces of the mysteries that were performed here. On these twelve altars are large marble bas-reliefs on which are carved the signs of the zodiac, and in the free space may be seen, painted on the wall, some extraordinary figures it is impossible to describe here, because of their obscenity; some candelabras or torch-holders, of marble and bronze, true masterpieces of execution, are placed on pedestals of excellent work. This room is paved with mosaics of colored glass inlaid with gold; in the middle is a huge marble bull whose horns are plated with gold; before this bull is a narrow opening leading by a stairway of twelve steps to seven rooms underground, carved into the living rock and giving onto one another by iron gates, all rusty, detached from their hinges, littering the thresholds; the size of these rooms decreases more and more until, with the seventh and last, there is only a space in which twenty people may be cramped; the walls of these rooms are decorated behind many marble altars, bearing groups of statues arranged into scenes which are remarkable for the varieties of figures as for the whole. On all these altars, the oriental Venus dominates, and the characters that compose the scene wear the heads of different animals. White marble, ivory, bronze, silver, and especially gold, are used in abundance. I have sent from all these treasures only a dozen statues that are now with M. de Clercq in Paris.
When the Turkish government decides to honour its commitments to me, scientists will have the pleasure to study and admire this superb temple.