Vigiliae Christianae 5 (1951) pp. 65-79


UN NOUVEAU MANUSCRIT DE TERTULLIEN [English Translation]

PAR

J. W. PH. BORLEFFS

En préparant, il y a quelque temps, une nouvelle édition de quelques oeuvres de Tertullien, parmi lesquelles se trouvaient aussi le De patientia et le De paenitentia1, nous étions bien loin de soupçonner que notre édition, dès sa publication, se trouverait n'être plus au fait. Pourtant il en est ainsi. Car en 1946 un savant suédois, M. Gösta Claesson, licencié en philologie à Upsal, découvrit au Vatican, lors d'un voyage en Italie, un nouveau manuscrit contenant entre autres des extraits de quelques oeuvres de Tertullien, parmi lesquelles figurent précisément les deux écrits mentionnés ci-dessus. M. Claesson ayant eu la bienveillance, non seulement de nous informer sur sa découverte, mais encore de nous faire parvenir une photocopie de cette partie du manuscrit qui contient les fragments des traités De patientia et De paenitentia, nous sommes à même de présenter au lecteur quelques renseignements détaillés sur le nouveau manuscrit et d'en montrer par quelques exemples choisis le grand intérêt qu'il a pour la constitution du texte de ces deux écrits.

Il s'agit du Codex Ottobonianus latinus 25 de la bibliothèque du Vatican, lequel, selon M. Claesson, a été écrit au XIVme siècle. Le manuscrit est relié en rouge orné d'or et porte l'écusson du pape Pie IX. Il contient deux feuillets à peu près illisibles provenant d'un autre manuscrit, suivis de 261 feuillets mesurant 210 sur 142 mm., dont chaque page est couverte de 32 lignes d'une écriture nette et bien lisible. La forme des lettres fait supposer que le manuscrit est d'origine française. C'est un codex miscellaneus, qui contient des extraits d'écrits de plusieurs écrivains ecclésiastiques d'époques différentes, parmi lesquels figurent p. ex. Pierre le |p66 Mangeur (Petrus Comestor) 2, Hildebert, tons les deux du XIIme siècle, Lactance et S. Cyprien. Or, sur les feuillets 241V ----255r, immédiatement devant les extraits de S. Cyprien, figurent des fragments de texte appartenant à quatre traités de Tertullien 3, à savoir De pudicitia, De paenitentia, De patientia et De spectaculis, dans l'ordre cité. L'intérêt de la nouvelle acquisition saute aux yeux, quand on se souvient du fait que jusqu'ici nous ne possédions aucun manuscrit du premier de ces écrits pour lequel nous devions nous contenter de l'édition de Martin Mesnart de 1545 4.

Le nouveau manuscrit ne donne donc pas le texte intégral de ces quatre écrits de Tertullien, mais il en fournit des fragments séparés, qui toutefois ont été choisis par le copiste de telle manière qu'ils forment un tout et qu'ils donnent un texte continu et intelligible. Il faut reconnaître que le copiste a rempli sa tâche de compilateur avec beaucoup d'adresse: ce n'est que rarement qu'il a été obligé, pour obtenir un texte lisible et continu, d'insérer quelques mots de sa propre invention afin de relier deux fragments du texte original qui s'accordaient mal. Ainsi, au chap. 7 de De patientia, après avoir omis le § 10 et s. : alioquin ---- inpatientiam adhibere, voulant continuer par qui rem pecuniariam fortasse animae anteponant, il se permet d'insérer devant qui le mot sunt afin de rétablir le rapport avec ce qui précède. Au chap. 7, 3 du De paenitentia, après avoir supprimé les mots qui précèdent, il met devant |p67 absit le mot sed pour obtenir une bonne transition; il répète ce procédé 12,2 en écrivant Sed quid au lieu de quid, et ainsi de suite. Ce n'est que rarement qu'il insère plusieurs mots, voire des phrases entières, comme De pat. 7,2, où après invenitur il fait suivre ceci: Omnia terrena bona contempsit Christus, ut in illis non quaereretur felicitas. Omnia terrena mala sustinuit, ut in his non timeretur infelicitas, mots qui manquent dans tous les autres manuscrits et qu'on aurait peine à attribuer à Tertullien lui-même. Il abrège souvent les passages qu'il transcrit par l'omission de mots ou de groupes de mots qu'il considère comme superflus; parfois il apporte aussi de petits changements au texte original afin d'en rendre plus facile la compréhension. Par exemple, au début de De patientia (1, 1), dans les mots Confiteor ad dominum, il substitue apud à ad; quelques lignes plus loin il écrit cum au lieu de quando; au § 4 du même chapitre (cum vacent) il change cum en quod etc. Il va de soi que de telles variantes n'ont aucune importance pour la constitution du texte authentique de Tertullien. Mais il y en a d'autres qui offrent plus d'intérêt, ainsi que nous verrons plus loin. Car notre manuscrit, que nous désignerons dans la suite par le sigle O, possède de précieuses qualités, ce qu'il est facile de démontrer partout où nous pouvons le comparer aux meilleurs manuscrits connus depuis longtemps. C'est notamment le cas dans le traité De paenitentia, conservé en grande partie dans le Codex Trecensis (T), un des meilleurs manuscrits de Tertullien que nous connaissions. Or, il résulte de la comparaison d'O et T d'une part, et d'O et les détériores d'autre part, qu'à beaucoup d'endroits O et T se couvrent et donnent la vraie leçon, tandisque les autres manuscrits montrent des détériorations plus ou moins graves du texte. Ainsi, au début de l'écrit nommé (1, 1), O et T ont hoc genus homines, leçon prouvée juste par l'usage de l'auteur, 5 les autres hoc genus hominum. Un peu plus loin (1, 3) O et T donnent evitare, les autres vitare. Dans De paen. 2, 5: Iam enim salus nationibus adpropinquabat, dominus scilicet etc., la vraie leçon appropinquabat, conjecturée déjà par E. Preuschen est confirmée maintenant par O; T a passé par la main d'un correcteur qui a changé la leçon originale adpropinquabat en adpropinquabit; les autres manuscrits donnent tous appropinquabit. |p68

Au chap. 7, 8 l'auteur dit que, le diable, quand il sait un homme libéré par la pénitence, s'afflige et gémit de voir tot in homine mortis opera diruta, tot titulos damnationis retro suae erasos. C'est ainsi qu'on lisait jusqu'à présent, quoiqu'il y ait une difficulté dans la seconde partie du texte. M. de Labriolle traduit : 'quand. . . il voit tant d'oeuvres de mort détruites chez l'homme, tant de chefs effacés d'une condamnation qui était comme son bien propre'. Comme on le voit, il omet de traduire l'adverbe retro; en outre sa traduction de suae est peut-être un peu forcée. Le traducteur allemand de Tertullien, M. Kellner au contraire, donne la traduction suivante: 'Er (le diable) muss notwendig trauern..., wenn... so viele Werke des Todes im Menschen zerstört, so viele Schuldtitel von dessen früherer Verdammnis ausgelöscht sind' ; il conserve donc l'adverbe retro, mais il a tort de croire que suae est dit de l'homme sauvé par la pénitence et ainsi arraché à l'emprise du diable, puisque, selon les règles de la grammaire, dans ce cas-là Tertullien aurait dû écrire eius et non suae. Or, toute difficulté disparaît d'un seul coup, si nous nous tenons à T et O, qui, au lieu de damnationis, donnent l'un et l'autre la leçon dominationis: le diable s'afflige en effet du fait qu'il a perdu la domination qu'il exerçait autrefois sur l'homme, avant que celui-ci ne se fût repenti. Nous voyons donc qu'ici encore T et O non seulement s'accordent, mais qu'ils donnent aussi la seule leçon qui offre un sens satisfaisant. 6

On peut, pour ce qui concerne d'autres endroits, être du même avis. Ainsi De paen. 7, 13, où on lisait autrefois: pigeat iterum periclitari, sed non iterum liberari. Neminem pudeat, nous pouvons restituer la vraie leçon à l'aide de T et O, qui tous les deux omettent le mot non; au lieu de pigeat O donne pudeat, tandisque T a pigeat, mais corrigé en pudeat par le copiste lui-même, de sorte que nous obtenons le texte qui suit: pudeat iterum periclitari, sed iterum |p69 liberari neminem pudeat, leçon pleinement confirmée par S. Pacien, qui dans une imitation de notre endroit écrit ceci (Epist. I 5) : Pudeat periclitari, sed non pudeat liberari.

Au chap. 7, 14 T et O ont denuo, seule leçon qui offre un sens, contre dominus des autres manuscrits.7 De même, au chap. 8, 1, l'Esprit reproche aux habitants de Laodicée d'être divitiis fidentes, si nous ajoutons foi à O et T, que nous ferons bien de suivre ici encore; les autres manuscrits donnent ces mots dans l'ordre inverse (fidentes divitiis).

Nous avons vu qu'à tous les endroits du texte que nous venons d'examiner et dont on pourrait facilement augmenter le nombre, 8 O et T donnent toujours non seulement la même leçon, mais aussi celle que des raisons soit de style ou de langage, soit de matière nous forcent d'accepter comme la vraie leçon. 9 Or, puisque les |p70 leçons de O, dans tous les cas examinés, sont confirmées par le meilleur manuscrit du texte que nous possédions, on se demande s'il n'y a pas lieu de préférer également le texte tel qu'il est donné par O pour les endroits, où T nous manque et où nous ne pouvons comparer que des manuscrits de qualité inférieure. Que cela soit souvent le cas, c'est ce que nous nous proposons de démontrer ci-dessous en traitant quelques passages qui offrent un certain intérêt.

Au chapitre 9 du traité De paenitentia, pour lequel nous devons nous passer de l'appui de T, Tertullien parle de la seconde pénitence ou exomologèse, qua delictum domino nostrum confitemur (9, 1). Tel est le texte que toutes les éditions antérieures donnent ici et qui se base sur les manuscrits connus alors. Mais l'ordre des mots semble un peu tordu : on s'attendrait plutôt à qua delictum nostrum domino confitemur, et c'est précisément ce que donne le nouveau manuscrit, leçon confirmée d'ailleurs par Isidore de Séville qui dans ses Origines VI 19, 76 a transcrit notre passage en suivant le même ordre des mots.

Le chapitre 12, 1 débute par les mots qui suivent: Si de exomologesi retractas, gehennam in corde considéra etc. Considéra a été conjecturé par Rhenanus, en marge de son édition de 1521, et il a été suivi en ceci par tous les éditeurs postérieurs; tous les manuscrits ont la leçon apertement fausse desidera, excepté O, qui, lui aussi, porte considéra à cet endroit.

Un peu plus loin Tertullien parle des volcans qui sont déchirés par un feu intérieur; leurs flammes sont comme un symbole du feu éternel dans lequel seront châtiés les pécheurs non repentis: (12, 4) Quis haec supplicia interim montium non iudicii minantis exemplaria deputabit? Quis scintillas tales non magni alicuius et inaestimabilis foci missilia et exercitoria iacula consentiet? Ici le mot exercitoria donne lieu à bien des doutes. M. de Labriolle l'explique en traduisant: 'les traits, projetés comme en un jeu, d'un foyer immense', explication qui remonte à Juste Lipse, cité par Oehler dans sa note à cet endroit. 10 Mais notre endroit est le seul, où le |p71 mot en question aurait ce sens. Car, excepté dans le passage de Tertullien dont nous parlons, on ne le trouve que chez les juristes qui en font usage pour désigner une certaine procédure de droit, l'actio exercitoria, c'est à dire l'action que le préteur accordait dans le cas où une personne avait confié la direction d'un navire à un autre et où celui-ci avait manqué à ses obligations envers un tiers; 11 elle fut appelée ainsi de l'exercitor, l'armateur ou chargeur du navire. Il serait donc bien étrange qu'à notre endroit le mot exercitorius eût un sens tout différent. 12 Or, ici le nouveau manuscrit ne donne pas exercitoria, mais exercitatoria, mot très rare lui-aussi, 13 mais qui offre un sens excellent, comme le prouve un texte de S. Augustin, qui écrit dans une lettre (26, 2 [p. 84, 14]): sapientia quos alligaverit et exercitatoriis laboribus edomuerit, solvit postea. Le Thésaurus interprète le mot par exercens, probans vel temptans : de la même manière les exercitatoria iacula de Tertullien sont des traits ou dards lancés dans le but d'exercer l'homme en lui rappelant le feu éternel qui l'attend s'il ne s'est pas repenti auparavant. 14

Tout lecteur de Virgile se rappellera comment, au livre XII de l'Enéide, Vénus guérit une blessure de son fils au moyen de l'herbe appelée dictame (vs. 412): dictamnum genetrix Cretaea carpit ab Ida / puberibus caulem foliis et flore comantem / purpureo ; non illa feris incognita capris / gramina, cum tergo volucres haesere sagittae. C'est à cette même herbe que Tertullien fait allusion au chap. 12, 6 du De paenitentia: pour exhorter les pécheurs à la |p72 pénitence il dit : Mutae quidem animae et inrationales medicinas sibi divinitus adtributas in tempore agnoscunt: cervus sagitta transfixus, ut ferrum et inrevocabiles moras eius de vulnere expellat, scit sibi dictamno medendum. C'est le texte que donnaient toutes les éditions antérieures à la nôtre, suivant une conjecture de Rhenanus; en réalité les manuscrits n'ont pas dictamno, mais dictamnum. 15 Tertullien n'a pas imité ici l'auteur de l'Enéide, qui parlait de chèvres sauvages ainsi que Cicéron, qui lui a servi de modèle, 16 mais il a emprunté sa remarque sur la méthode curative des cerfs à Pline l'ancien, qui dans son Histoire naturelle nous raconte ceci (VIII 97) : dictamnum herbam extrahendis sagittis cervi monstravere percussi eo telo pastuque herbae eius eiecto, et qui y revient XXV 92: ostendere (cervae sc.) ut indicavimus dictamnum volneratae statim telis decidentibus. 17 Tertullien, à son tour, a inspiré S. Pacien (De paenitentibus 11), qui toutefois, au lieu de transcrire Tertullien lui-même, comme il l'a fait si souvent, a combiné ici Cicéron et Virgile: Caprae, ut dicunt, ferae remedia sua noverunt: confixas quippe audio venenatis sagittis saltus peragrare Dictaeos, 18 quoad dictamni caule detonso salutarium virulento latice sucorum, pulsa decutiant tela corporibus. On voit donc que dans tous les passages |p73 cités il est dit que les cerfs ou les chèvres sauvages se guérissent en broutant le dictame. C'est pourquoi nous avons admis dans notre édition une conjecture de M. Kroymann, l'éditeur viennois de Tertullien, conjecture qu'il a bien voulu nous communiquer il y bien des années: il cherche la faute des manuscrits, non dans le mot dictamnum qu'il préfère conserver, mais dans medendum, corrigé par lui assez heureusement en edendum. Cette conjecture est confirmée maintenant d'une manière éclatante par le nouveau manuscrit qui donne en effet : cervus . . . scit sibi diptamnum edendam. Diptamnum est une graphie fréquente du mot dans les manuscrits, 19 qu'il faudra corriger, sans aucun doute en dictamnum; on pourra conserver peut-être le féminin edendam, puisque dictamnus ou dictamnum, est souvent employé au féminin. 20 21

Un peu plus loin (12, 7) Tertullien vient à parler du roi de Babylone, Nabuchodonosor, qui, après avoir été puni sévèrement, a été rétabli par Dieu sur son trône pour le seul fait qu'il a pratiqué l'exomologèse. Pro malae tractationis ! s'écrie l'auteur, quem homines perhorrebant, deus recipiebat. Mais pro exclamatif ne se construit pas avec le génitif: il est suivi normalement de l'accusatif ou du vocatif; 22 le seul exemple de la construction avec le génitif qu'on |p74 connaisse outre notre endroit, se trouve chez Térence, Phorm. 351, où quelqu'un s'exclame: Pro deum immortalium! Mais ici le génitif s'explique facilement par l'ellipse du mot fidem,23 tandis que chez Tertullien on aurait bien de la peine à trouver le mot exact qu'on doit suppléer. Or, ce mot nous est fourni maintenant par O qui donne en effet: Proh male tractationis felicitatem. On ne saurait douter que c'est la leçon vraie, et, chose importante, on comprend aussi, comment est née la faute des autres manuscrits: un lecteur superficiel, dans un temps très reculé, puisque la faute se trouve dans tous les autres manuscrits et qu'il remonte donc probablement à leur archétype commun, qui ne réussissait pas à comprendre, comment on pouvait dire d'un mauvais traitement qu'il fût heureux, aura rayé le mot qui lui semblait être hors de place. Que felicitatem, ne soit pas une addition arbitraire du copiste d'O, c'est ce qui est prouvé par S. Pacien, qui, dans une imitation de ce passage de Tertullien, en donne la paraphrase suivante et qui en est comme un écho (De paenitentibus 9) : Quem horrebant homines, deus recipiebat, ipsa illa malae tractalionis calamitate felicem.

Dans le traité De patientia il y a également plusieurs passages que nous pouvons corriger maintenant à l'aide d'O. Ainsi au début du chap. 3, où Tertullien pose le Christ lui-même en exemple de la vertue à laquelle il a consacré ce petit chef-d'oeuvre, on lisait jusqu'à présent (3, 2): Nasci se deus in utero patitur matris et (et est omis par quelques manuscrits) expectat et natus adolescere sustinet et adultus non gestit agnosci, sed contumeliosus insuper sibi est etc. Les mots et expectat qui entrent mal dans le contexte, ont été rejetés par M. Kroymann dans son édition de notre traité comme une glose de sustinet 24 et nous l'avons suivi dans notre édition quoique nous ayons douté fort de la justesse de sa correction et que nous nous soyons demandé s'il ne fallait pas chercher la faute ailleurs. Car le début aussi du passage est bien étrange: Nasci se |p75 deus in utero patitur matris ; personne ne naît pourtant au dedans de la matrice de sa mère; c'est précisément en sortant de cet organe que tout homme voit le jour. L'une et l'autre de ces difficultés sont résolues d'un seul coup par le nouveau manuscrit, dans lequel l'ordre des mots ici est différent: on y lit en effet: Nasci se deus patitur ; in utero matris expectat (donc avec omission de et): natus adolescere sustinet etc. Le fait si important de la naissance est mis au premier plan ; suivent les faits particuliers qui servent à inculquer une fois de plus l'idée de l'endurance extraordinaire du Christ, qui, tout en étant le fils de Dieu lui-même, se soumet à l'attente pénible dans la matrice de sa mère, qui, une fois né, se résout à grandir lentement, et ainsi de suite. Nous croyons que tout le monde sera d'accord avec nous que c'est le nouveau manuscrit qui, à lui seul, nous révèle pour la première fois le sens exact du passage.

Nous passons sous silence quelques leçons nouvelles offertes par O, quoique assez intéressantes en soi, 25 pour venir au chap. 14, 2, où l'auteur parle de Job comme le plus illustre exemple de la vertu de l'endurance. O felicissimum illum, il exclame, . . . quem . . . non ipsius. . . corporis in vulnere cruciatus a patientia fide domino dedita exclusit, du moins si nous ajoutons foi au témoignage des autres manuscrits. Mais les paroles du texte sont difficiles à expliquer. 26 C'est pour cette raison que, dans notre édition du texte, en suivant le regretté M. Hoppe, 27 nous avons corrigé les |p76 derniers mots en a patientiae fide domino debita 28 et pour la combinaison patientiae fide ---- M. Hoppe traduit: 'ausharrende Treue' ---- nous avons renvoyé le lecteur à De paenitentia 6, 13: paenitentiae fidem. 29 Or la conjecture patientiae est confirmée maintenant d'une manière éclatante par O, qui donne en effet: pacientie ; les mots domino debita ont été omis malheureusement par le copiste.

Pour terminer nous voudrions dire encore quelques mots du ch. 15. Dans ce chapitre Tertullien donne une description détaillée de l'homme qui pratique la vertu de la patience (15, 4): Vultus illi tranquillus et placidus, frons pura, nulla maeroris aut irae rugositate contracta; remissa aeque in laetum modum supercilia, oculis humilitate, non infelicitate deiectis ; (§5) os taciturnitatis honore signatum, color qualis securis et innoxiis etc. On ne voit pas très bien, pourquoi, au beau milieu de tous ces nominatifs, l'auteur aurait mis soudain l'ablatif oculis. . . deiectis. Ici encore la difficulté disparaît grâce à O, qui porto en effet oculi. . . deiecti, au nominatif. Et un peu plus loin (15, 6), où on lisait jusqu'à présent: Nam ubi deus, ibidem et alumna eius, patientia scilicet, l'Ottobonianus donne ibi au lieu de ibidem, leçon corroborée par d'autres endroits parallèles comme De bapt. 6, 2: ubi très, id est pater et filius et spiritus sanctus, ibi ecclesia quae trium corpus est.

Les exemples que nous venons de citer suffiront, croyons-nous, à démontrer les qualités supérieures d'O, malgré ses fautes et ses omissions, qualités qui sont en réalité celles du manuscrit perdu sur lequel O a été copié. Il reste un mot à dire sur la place qu'il faut attribuer à ce dernier dans la tradition manuscrite des écrits de Tertullien. Cette place n'est pas facile à déterminer. Nous avons |p77 vu plus haut que, à maints endroits du traité De paenitentia, O concordait avec T contre les autres manuscrits, mais on aurait grand tort d'en conclure une affinité plus proche qui existerait entre les deux. Car, en effet, quelle est la question? O contient des fragments tirés de quatre écrits de Tertullien, comme nous l'avons vu; de ces quatre écrits nous ne trouvons dans T que le seul De paenitentia. En admettant que les fragments de O proviennent tous d'un seul manuscrit archétype ---- ce qui paraît fort probable, quoique la preuve efficace ne puisse en être donnée ----, il est donc impossible, sans parler encore des différences de texte entre les deux manuscrits, que ces fragments aient été transcrits de l'archétype de T, puisque rien ne nous autorise à supposer que ces quatre écrits figuraient ensemble dans cet archétype. Et on peut aller plus loin encore : dans aucun autre manuscrit connu de Tertullien on ne trouve ces quatre écrits réunis. Le célèbre manuscrit de Tertullien que possède la Bibliothèque nationale à Paris, le nommé Codex Agobardinus, du IXme siècle (A), en contenait trois, comme le prouve l'index à la tête du volume qui énumère les écrits qui s'y trouvaient avant qu'il n'eût subi la mutilation si fâcheuse qui a causé la perte de tant d'oeuvres du grand auteur qu'est Tertullien, mais le traité De pudicitia n'y a jamais figuré et, par suite, il est très invraisemblable que le texte des trois autres dans O remonte à celui-là. 30

On trouve réunis deux des quatre écrits d'O dans les manuscrits perdus que Mesnart et Ghelen ont utilisés pour leurs éditions des oeuvres de Tertullien. Que ces deux manuscrits n'en forment en réalité qu'un seul, c'est ce que M. G. F. Diercks vient de rendre très probable31. Nous savons par Ghelen que ce manuscrit |p78 provenait d'un monastère anglais et fut apporté en Europe par un érudit anglais, John Leland, mort en 1552.32 Si la notice de Ghelen sur ce manuscrit est exact ---- et nous n'avons aucune raison d'en douter ----, il est donc impossible que O en soit une copie, puisque ce dernier fut écrit en France au XIVme siècle, à ce qu'il semble, comme nous l'avons dit plus haut, donc plus de cent ans avant la venue en Europe de l'autre manuscrit. 33 Le manuscrit de l'Anglais John Clément, que Jacques de Pamèle a consulté pour son édition de 1579, contenait lui-aussi le De spectaculis et le De pudicitia sans les deux autres ;34 par contre, ces mêmes écrits manquent dans les autres manuscrits, 35 qui, selon M. Kroymann, 36 remontent tous à un archétype commun aujourd'hui perdu et qui se trouvait à Cluny autrefois ; en revanche, le De patientia et le De paenitentia s'y trouvent ou s'y trouvaient. O est donc le seul manuscrit dans lequel on trouve réunis ensemble les quatre écrits de Tertullien, dont il contient des extraits. Si l'hypothèse que ces extraits remontent tous à un seul manuscrit aujourd'hui perdu ne semble pas être invraisemblable, on se demande si nous n'avons pas découvert dans O les traces d'un nouveau recueil ou corpus d'écrits de Tertullien qui nous n'était pas connu d'autre part et qui contenait précisément les quatre écrits dont O a conservé des fragments. Que cela ne soit |p79 pas impossible, c'est ce qui est prouvé par le Codex Trecensis par exemple, qui contient un recueil de cinq écrits qu'on ne trouve réunis ensemble nulle part ailleurs, par le Codex Johannis Clementis Angli qui en contenait six, et, à vrai dire, par tous les autres manuscrits qui contiennent tous un recueil plus ou moins étendu d'écrits de Tertullien qui ne figurent pas ou du moins pas tous dans les manuscrits d'un autre groupe ou dans ceux qui sont indépendants. On a vu plus haut que ce manuscrit perdu, quelle que soit sa relation avec ses frères, n'était pas dénué d'une certaine valeur comme le montre la bonne qualité des leçons qu'offre l'Ottobonianus. 37

La Haye, Waalsdorperweg 217.


[Notes have been moved here to the end]

1 Parue dès lors (1948) à la Haye chez la maison éditrice D. A. Daamen dans la collection des Scriptores Christiani primaevi sous le titre de Q. Septimii Florentis Tertulliani libri De patientia, De baptismo, De paenitentia.

2 C'est Pietro Mangiadore de Dante Paradiso 12, 134.

3 Le nom de Tertullien ne figure nulle part dans le manuscrit; seule, une main postérieure, du XVIIme ou XVIIIme siècle, a écrit à côté du texte du De spectaculis les mots que voici: Est exerptum ex Tertull. de Spect.

4 Ainsi que tout le traité De pudicitia la majeure partie du chap. 13 du De patientia ne nous était connu que par l'édition de Mesnart de 1545. Le nouveau manuscrit nous fournit maintenant quelques mots de la partie perdue (13,5 Iam si altiores----13,6 denique proeliatur), lesquels, tout en étant sans grande importance pour la constitution du texte----seule, la conjecture de Ghelen digeramus (13,5) est confirmée maintenant par l'Ottobonianus ----, montrent néanmoins que cette partie figurait en entier dans le manuscrit perdu, d'après lequel fut copié le nôtre. ---- Nous n'ennuyerons pas le lecteur par l'énumération détaillée des extraits de Tertullien qui figurent dans le nouveau manuscrit; nous ne disposons d'ailleurs que de la moitié de son contenu en photocopie. Pour les fragments du traité De paenitentia le lecteur pourra consulter la préface du cinquième volume de l'édition viennoise de Tertullien lequel paraîtra sous peu.

5 Cf. H. Hoppe, Syntax und Stil des Tertullian (1903) p. 17 c.

6 Ceci n'exclut pas d'ailleurs que la fausse leçon damnationis date déjà d'un temps assez reculé, puisque S. Pacien, qui a si souvent imité notre auteur, écrit dans son épître I 5: fraus illa serpentis quae primum subvertit hominem, quae posteris eius tot titulos damnationis inpressit. Ici, le mot damnationis est tout à fait à sa place, mais dans un contexte qui diffère beaucoup de celui de Tertullien ; aussi rien n'empêche que ce dernier ait écrit en réalité dominationis.

7 V. Mnemosyne LX (1932) p. 101. 

8 En voici quelques autres exemples:

De paen. 4, 2: rursus TO, iterum codd. dett.
 ,,     ,,    4, 9: iterum TO, igitur codd. dett.
 ,,     ,,    5, 7: paenitentia sua TO, paenitentia codd. dett.
 ,,     ,,    5, 7: semetipsum TO, se ipsum codd. dett.
 ,,     ,,    7, 5: devitant TO, vitant codd. dett.

Nous avons traité de ces endroits dans Mnemosyne LX (1932) pp. 85 et ss., où nous croyons avoir démontré que partout la leçon de T, confirmée maintenant par O, est préférable à celle que donnent les autres manuscrits.

9 Il arrive même parfois que O l'emporte sur T. Au début du traité De paenitentia (1, 4) Tertullien parle de la pénitence telle que la connaissent les gentils, qui l'appliquent même à leurs bonnes actions: Paenitet fidei amoris simplicitatis libertatis patientiae misericordiae. Le substantif libertatis, qui ne figure pas dans les autres manuscrits, est donné par T; nous l'avons admis dans le texte de notre édition après avoir bien hésité: on ne voit pas trop bien en effet, comment les gentils peuvent se repentir de la liberté, mot qui ne désigne pas un mouvement ou état de l'âme, comme le font les autres substantifs qui l'accompagnent, mais plutôt une condition de la personne. Le nouveau manuscrit fait disparaître toute difficulté: ou y lit eu effet, non pas libertatis, mais liberalitatis, qualité qui s'accorde admirablement avec les autres qualités énumérées par l'auteur. Que liberalitatis ne soit pas une insertion arbitraire du copiste, c'est ce qui est montré précisément par la présence du mot libertatis dans T : quiconque a quelque notion de paléographie latine, sait combien, de fois ces deux mots sont confondus dans les manuscrits ; on en a un bel exemple dans ce traité même, au chap. 6, 11, où le Codex Florentinus Magliabechianus VI 9 a libertatem au lieu de la vraie leçon liberalitatem donnée par les autres manuscrits.

10 Kellner qui traduit: 'Wer (wollte) nicht darin einstimmen, dass diese Funken Aussprühungen eines gewaltigen Feuerherdes und gewissermassen seine Versuchsgeschosse sind', donne à exercitoria un sens que ce mot ne possède pas en réalité.

11 Cf. e.a. J. C. v. Oven, Leerboek van Romeinsch privaatrecht (1945) p. 485; R. Monter, Manuel élémentaire de droit romain II (1944) p. 342; Gaïus IV 71: Tunc autem exercitoria (actio sc.) locum habet, cum pater dominusve filium servumve magistrum navi praeposuerit et quid cum eo eius rei gratia, cui praepositus fuerit, gestum erit. ; Heumann-Seckel, s.v. exercere ; Thes. 1. Lat. V 2 col. 1390, 20 et ss.

12 On a un beau parallèle dans l'adjectif institorius dérivé d'institor (gérant d'une boutique), nom donné par Gaïus (Le.) à une antre action de nature semblable que l'exercitoria. Cf. en outre praetorius, quaestorius etc.

13 V. Thes. 1. 1. V 2, 1384, 20 ss.

14 On trouve une signification toute différente du mot dans une inscription (C. I. L. VII 965 = Dessau, Inscr. lat. sel. 2619), où l'on parle d'une basilicam equestrem exercitatoriam.----Du reste, il est curieux de noter que déjà Oehler, dans l'Index verborum de son édition, a enregistré exercitatoria comme étant donné dans le texte de Tertullien à notre endroit.

15 Rhenanus s'est visiblement inspiré à Pline Hist. nat. VIII 97, qui, après avoir mentionné d'abord le dictame et sa vertu curative, poursuit ainsi: iidem (cervi sc.) percussi a phalangio quod est cancri genus, aut aliquo simili cancros edendo sibi medentur.

16 De nat. d. II 126 : capras autem in Creta feras, cum essent confixae venenatis sagittis, herbam quaerere quae dictamnus vocaretur, quam, cum gustavissent, sagittas excidere dicunt a corpore.

17 De Pline dépend Solin, Collect. rer. memorab. 19, 15: dictamnum ipsi (cervi) prodiderunt, dum eo pasti excutiunt accepta tela,. ----Tous les passages cités remontent en dernier lieu à ps.-Aristote, Hist. an. IX 6 p. 612d 4: εν Κρήτῃ φασὶ τὰς αἰγας τὰς ἀγρίας, ὅταν τοξευθῶσι, ζητεῖν τὸ δίκταμνον. δοκεῖ δὲ τοῦτο ἐκβλητικὸν εἱναι τῶν τοξευμάτων ἐν σώματι. Cf. en outre ps. Arist. Mirab. auscult. 4 p. 830 a19, Théophraste Hist. plant. IX 16, 1, Antig. de Caryste 30 (36), Plutarque De sollertia animalium 974 D, id. Bruta ratione uti 991 E, Elien Var. hist. I 10, Val. Max. I 8 ext. 18, Apulée De herba 62. Cf. Schmidt dans PW-RE IX col. 582 s. Nous devons la connaissance de plusieurs de ces endroits à M. W. K. Kraak (Bussum), que nous prions d' agréer ici l'expression de notre profonde gratitude.

18 Cf. Virg. Enéide IV 72: illa (cerva sc.) fuga silvas saltusque peragrat| Dictaeos.

19 Cf. all. Diptam, angl. diptani, v. fr. diptam, diptame, néerl. diptane (Maerlant, der natueren bloeme II 1114 var. : Dat syt cruut, dat hert diptane eerst den mensche makeden cont.).; cf. Murray's Engl. dictionary s.v. 'dittany'; Grimm, Deutsches Wtb. II col. 1084, Verwijs en Verdam, Middelned. Wdbk II col. 210.

20 P. ex. Pline Hist. nat. XXVI 142: dictamnum pota expellit sagittas. Les indications sur le genre du mot que donne le Thésaurus 1. lat. ne sont pas exactes.

21 Il y a un autre mot encore dans le passage du De paenitentia que nous venons d'étudier, et que nous pouvons corriger peut-être à l'aide de O. Il s'agit de l'adjectif inrationales, au lieu duquel O donne irrationabiles. Nul doute que c'est la forme que choisit Tertullien, comme il l'a fait ailleurs: cf. de ce même écrit 1, 4, où la plupart des manuscrits ont irrationabiliter, tandis que le codex Magliabechianus donne irrationaliter. Cf. en outre Ps. 48,21 ap. Tert. De carn. res. 52 (108, 19) : inrationabilibus iumentis; par contre, De anima 32, 8, où le même psaume est cité, on lit inrationalibus iumentis, corrigé par Jacques de Pamèle en inrationabilibus ium. V. aussi Lactance De ira dei 7, 2: rationale animal cum mutis et inrationabilibus coaequavit.

22 Sur l'origine de cette construction voir H. Wagenvoort dans Mnemosyne IV séries II (1949) p. 321 et s.

23 V. Hauler ad 1., qui ajoute: 'Bei Tertullian de paen. 12 steht pro malae tractationis mit etwa vorschwebendem rationem.'

24 Sustinere signifie très souvent expectare dans le latin postclassique: V. M. Waszink dans son édition du De anima (Amsterdam 1947) p. 568. A notre endroit toutefois il semble plus vraisemblable que le sens est celui de 'supporter, endurer,' comme p. ex. De fuga 11, 1 : Cum duces fugiunt, quis de gregario numero sustinebit ad gradum in acie figendum suadere? (cf. Thierry ad 1.).

25 P. ex. au ch. 4, 6: Cui item dubium est, O (in lien de item donne enim, ou au ch. 5, 7 : palam cum sit, ce que nous pouvons corriger maintenant avec O en cum palam sit.

26 C'est pourquoi plusieurs éditions anciennes insèrent la conjonction et entre les mots patientia et fide, tandis que M. Kroymann garde la lectio tradita, défendue récemment comme 'asindeto bimembre' par M. Pellegrino dans Rivista di filologia classica 28 (1950) p, 77, qui renvoie aux Studia Tertullianea (II p. 20) de M. Thörnell, où celui-ci donne d'autres exemples de cette construction. Mais il oublie qu'à tous les endroits allégués par M. Thörnell les deux membres de l'asyndéton sont posés sans aucun attribut. (----car Ad nat. II 17, 15: omne regnum imperium est à écarter puisque le Codex Agobardinus, le seul manuscrit sur lequel le texte repose, insère vel devant imperium ---- ); à notre endroit au contraire fide est accompagné des mots domino dedita, tandis que patientia est resté sans complément; les deux membres du présumé asyndéton ne sont donc pas équivalents.

27 Beitrage zur Sprache u. Kritik Tert.s, Lund 1932 p. 53. V. aussi Waszink, édition de De anima (1947) p. 316.

28 Le génitif patientiae est donné par la seconde main de l'ancien Codex Vindobonensis, aujourd'hui à Naples, laquelle toutefois n'a d'autre valeur que celle d'une simple conjecture; debita est dû à Fulvio Orsini.

29 Le passage a été mal compris et par M. de Labriolle ('Faisant violence à la foi de la pénitence') et par Kellner ('welche, wenn sie zum Glauben gelangt sind, das Gebäude ihrer Bekehrung auf Sand bauen'). L'interprétation correcte de l'endroit a été donné déjà par Gabriel d'Aubespine (Albaspinaeus) dans ses Notae in quosdam Tertulliani libros p. 159 (à la fin de l'édition parisienne de 1676 d'Optat de Milève) : qui incipiunt credere paenitendum esse, et tamen eos non vere paenitet; on peut traduire: 'l'accomplissement fidèle de la pénitence' ou quelque chose de semblable.

30 En outre, il est facile de constater, en comparant les leçons d'A et O dans le seul écrit qu'ils ont en commun aujourd'hui, à savoir le De spectaculis, que le texte ainsi qu'on le trouve dans O n'a aucun rapport avec celui d'A.. Au début de ce traité p. ex., ch. 1, 2 (1, 8 RW) A donne (volupta)tium vis, O vis voluptatis ; l'édition de Mesnart (B) a vis voluptatium. Et un peu plus loin dans le même paragraphe (1, 10 RW) on lit dans A : Ad utrumque adhuc, dans O aut utrumque adhuc, comme dans B aussi (aut utrumque. Adhuc). Nous regrettons de devoir constater que l'apparat critique de l'édition du De spectaculis de M. A. Boulanger (Paris 1933) offre la défaut, ici comme ailleurs, d'être trop concis.

31 dans la préface de son édition du traité De oratione (Bussum 1947) pp. XVII ----XXII. Wissowa avait déjà soupçonné cette identité (CSEL XX p. XI).

32 Cf. Lupton dans son édition de De baptismo (Cambridge 1908) p. XXXV et s.

33 Nous avons vu plus haut (adn. 30) que, dans le traité De spectaculis O montre une plus grande affinité avec B qu'avec A. Il est curieux de noter qu'il confirme aussi à certains endroits les suppléments de Ghelen par lesquels il a corrigé le texte donné par B. Ainsi, dans De pudicitia, 22, 3 (271, 25 RW), où les mots in axe iam, qui manquent dans B, ont été insérés par Ghelen, O donne : in axiam, preuve éclatante à notre avis, que Ghelen n'a pas abusé de sa fantaisie à cet endroit, mais qu'il a consulté réellement le manuscrit de Leland. Et un peu plus loin, 22, 13 (273, 9), l'insertion de an après voluntarius par Ghelen est confirmée maintenant par O. La nouvelle édition de De pudicitia que M. Claesson prépare, en fournira sans doute d'autres exemples et nous permettra peut-être de nous former une idée sur la relation qui existe entre O et le manuscrit de Leland.

34 Cf. Wissowa dans CSEL vol. XX p. XI et M. Kroymann dans CSEL vol. LXX p. XIX.

35 Cf. Kroymann CSEL vol. XXXXVII p. VII adn. 3. 

36 op. laud. p. VI et s.

37 On pourrait se demander peut-être, puisqu'on trouve réunis, d'une part le De spectaculis et le De pudicita dans un groupe de manuscrits, et de l'autre le De patientia et le De paenitentia dans un second groupe, si les fragments d'O ne proviennent pas en réalité de deux manuscrits différents. Cette hypothèse semble peu probable vu l'ordre des quatre écrits dans O, De pudicitia et De spectaculis, qui se trouvaient réunis dans plusieurs manuscrits, comme nous l'avons vu, sont séparés l'un de l'autre par les deux autres.


© Brill Academic Publishers, 1951.  All rights reserved. Reproduced by permission. Greek text in unicode.


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